Mes inspirations #1/15. Les Nains: Le passage de pierre, de Markus Heitz

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Oserais-je dire à M.Heitz « cher confrère »? Me risquerais-je à parler de concurrence? J’ai découvert sur le tard cette série nanique qui traite du même thème que moi et j’avoue avoir été aussi décontenancé du point de départ que rasséréné par la suite. Ce n’est pas une série que je conseillerais à n’importe qui. C’est assez mainstream, léger et convenu.

[Mode polémique /on] Alors oui, Tungdil, le héros, est, à la base, un anti-héros. Fils adoptif d’un mage humain, piètre mage, souffre-douleur de ses camarades, incapable de se battre correctement, son destin est ailleurs et il ne le sait pas. Je ne sais pas pour vous, mais ceux-là, ces personnages principaux sortis de rien, simples mortels incapables deux secondes avant de sauver le monde, je n’en peux plus, je ne les supporte plus, je ne veux plus les voir. Tungdil, j’avoie l’avoir abhorré au plus haut point dès les premières lignes. Alors bon, Simplet va sauver le Pays Sûr? Ce n’est pas crédible. Ce genre de destinée, on la confie à un héros plein de muscles, de charisme, de sagesse et d’intelligence, pas au naïf impotent du coin. [Mode polémique /off]

Par chance, il croise la route de deux VRAIS Nains qui cognent, qui avancent, qui ne s’embarrassent pas de détails et qui vont lui apprendre la vie. Formation accélérée, hop hop hop, notre petit intello aux mains potelées va se retrouver catapulté héros conciliateur et guerrier émérite! Après tout, pourquoi pas? Les vocations tardives sont souvent signe d’ouverture d’esprit… Alors même si, pour moi, ce côté « le héros sort de nulle part et grâce à la chance et à ses talents latents, il devient le demi-dieu que les oracles prédisaient » me sort par les oreilles, les yeux et les narines, cela n’empêche pas que l’univers de Markus Heitz a une classe monumentale!

Déjà, le Pays Sûr, plaines fertiles encadrées de Montagnes, fiefs des Nains, dernier bastion de la civilisation face à ce qui rôde au-dehors, Orcs, Ogres, Albes et autres monstruosités de sinistre réputation. On sent le côté « citadelle assiégée » et on frissonne à l’idée qu’une brèche puisse s’ouvrir dans les défenses naines, d’autant que ceux-ci, nonobstant leur mauvais caractère et leurs rancoeurs millénaires, se trouvent divisées en royaumes distincts qui ont beau jeu de se mépriser entre eux et dont le nombre semble à peine suffisant pour occuper les nombreuses citadelles de garde.

On se croirait presque dans la Garde de Nuit, surtout que derrière ces hautes montagnes, les Nécromanciens Albes veillent au grain, attendant la faille! (huhuhu)

En clair, cet univers est dense, riche et très bien retranscrit. Pourtant, il y a quelques points faibles qui m’ont bloqué quant à la poursuite de sa lecture. D’abord, on sent poindre dès le tome 3, des velléités de destruction massive. « Si Tungdil n’arrive pas à… ce sera la fin du Pays Sûr ». Mince, il y a 10 tomes. Que va devoir faire Tungdil dans les 7 suivants? Re-sauver le monde 7 fois? Ensuite, Tungdil manque de coffre. J’ai du mal à imaginer celui qui se fait martyriser par des ados oeuvrant à devenir Mage devenir Roi des Nains (très/trop rapidement d’ailleurs). Mais enfin, qui imagine Thorin Ecu-De-Chêne faire le ménage et se faire tremper la gabardine par deux ou trois morveux de Serpentar? Ce déficit de charisme, en sus de ses catastrophiques débuts de combattant, il va le porter jusqu’au bout et ce n’est pas sa transformation expéditive en chef de guerre stratège qui nous convaincra.

En clair, ce livre m’a inspiré surtout pour me confirmer ce que je ne voulais pas pour mes héros. Mais il m’a surtout fait prendre conscience que pour écrire sur les Nains, il ne fallait pas seulement les mettre en scène. Il fallait aussi parler d’eux, vivre avec eux, pour que, une fois plonger dans leur univers, on ait cette impression de mouvement, ces bruits de métal, ces cuirs patinés, ces peaux de voyage mouillées par les intempéries, ces rires épais, ces voix fortes, ces lumières chaudes et souterraines, ces regards tristes et secrets… bref, qu’on se sente chez eux.

Le passage de pierre: 4/10. Tungdil, Nain de ménage d’un Mage de renom doit accomplir son destin. De catastrophique à son départ, l’aventure décolle au fur et à mesure quand le héros commence à apprendre à faire ses lacets tout seul. Ouf.

La lame de feu: 7/10. Une belle quête où Tungdil va devoir forger une arme légendaire (hum… encore un truc qu’on ne savait pas qu’il savait faire) pour éviter la guerre contre les Elfes, l’archimage renégat, les hordes ennemies qui approchent et tout ça.

Le secret de l’eau noire: 6/10. Des Orcs invincibles, des dieux déchus, prépare ta hache Tungdil, plus que 7 tomes avant de pouvoir te reposer…

J’ai abandonné la suite…

3 commentaires sur “Mes inspirations #1/15. Les Nains: Le passage de pierre, de Markus Heitz

    1. Ah, mince! Je suis désolé… C’est vrai que son univers est tellement bien pensé que cela m’agace qu’il le gâche avec ce genre de tarte à la crème… Mais ceci dit, pour en avoir discuté avec des amis, le « c’est pas grave, ça se lit bien! » l’emporte largement 😉

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